Appel à communications Workshop « Les inégalités sociales d’accès et de réussite des étudiantes et des étudiants »


La chaire Ouverture sociale dans l’enseignement supérieur de Nantes université a le plaisir de vous
convier à son premier atelier qui se tiendra le vendredi 17 octobre 2025 à Nantes.
L’atelier vise à explorer des thématiques de recherche en lien avec les inégalités sociales et les effets des
dispositifs universitaires sur l’ouverture sociale de l’enseignement supérieur. Les propositions
approfondissant ces thématiques seront donc particulièrement considérées par le comité scientifique.
Des candidat⸱es issu⸱es de champs disciplinaires variés (sciences de l’éducation, sociologie, économie,
science politique, histoire, épistémologie, géographie…) sont invité⸱es à envoyer des propositions de
communications.
Les propositions de communications devront indiquer le titre, les données mobilisées, la méthodologie
employée ainsi que les hypothèses et les résultats de la recherche qui feront l’objet de la présentation.
Elles seront limitées à 5 000 caractères (espaces compris), incluant la bibliographie. Elles devront
être envoyées (par mail à l’adresse suivante : elisa.gicquiaud@univ-nantes.fr) avant le 20 juin 2025,
date à laquelle l’appel à communications sera clôturé. Les dossiers incluront une courte présentation de
l’auteur⸱ice (statut, université ou organisme de recherche).


Orientation thématique de l’atelier :
Depuis 2024, Nantes Université s’est dotée d’une feuille de route visant à démocratiser l’accès et la
réussite dans toutes ses filières, associée à la création d’une chaire de recherche et d’enseignement
intitulée « ouverture sociale dans l’enseignement supérieur » (2024-2030). Il s’agit de lutter contre les
inégalités qui existent à l’université selon le genre, le milieu social d’origine, mais aussi l’origine
géographique des (futur⸱es) étudiant⸱es. Dans le cadre de cette chaire, des workshops ouverts aux
contributions des chercheuses et chercheurs extérieurs à l’établissement seront organisés.
Pour son premier workshop, la chaire « ouverture sociale dans l’enseignement supérieur » sollicite des
communications permettant d’affiner l’état des connaissances sur les inégalités dans l’enseignement
supérieur et sur l’évaluation des dispositifs qui cherchent à les diminuer. Il s’agit à la fois de partager les
résultats des recherches récentes et en cours, de les diffuser auprès de l’ensemble des acteurs concernés
par l’accès et la réussite à l’université, mais aussi de réfléchir aux actions possibles pour démocratiser
effectivement l’enseignement supérieur.


1. Accès à l’enseignement supérieur et parcours d’étude
Un premier axe de l’appel concerne la mesure et l’analyse des inégalités dans l’accès à l’université et
dans les parcours d’étude. Alors que plus de la moitié d’une génération accède à l’enseignement
supérieur, c’est le cas pour 80 % des enfants de cadres supérieurs, et moins de la moitié des enfantsd’ouvriers et d’employé⸱es (Duru-Bellat, Farges, Van Zanten, 2018). Cet écart se creuse quand il s’agit
de l’obtention du master. Si les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur s’expliquent d’abord par
des inégalités précoces de réussite, repérables sur le temps long des parcours scolaires, elles le sont
ensuite par des inégalités d’orientation dans le supérieur. Dans un contexte de démocratisation de
l’enseignement supérieur, le niveau de formation et de qualification des sortant⸱es du système éducatif
ne cesse de s’élever (52 % des sortant⸱es en 2021 avaient un diplôme du supérieur, et 18 % un master ou
un doctorat)1, mais le paysage universitaire reste fortement marqué par des variations sociales, genrées
et scolaires de recrutement. Les filières universitaires (licences, masters, IUT) et les disciplines
académiques recrutent des étudiant⸱es socialement et scolairement différencié⸱es (Renisio, 2015). Les
phénomènes d’auto-sélection, parfois entretenus voire suscités par les professionnel⸱les de l’école,
accompagnent ce mouvement, et à série, options ou mentions identiques, les jeunes d’origine populaire
ou les filles se tiennent à distance de certaines filières.
Si les inégalités de parcours pré-existent assez largement à l’obtention du baccalauréat, comment les
inégalités d’orientation, de parcours et de réussite se traduisent-elles aujourd’hui dans l’enseignement
supérieur ? Comment évoluent les inégalités d’accès aux formations universitaires et les parcours
d’étude ? Selon quelles logiques les étudiant⸱es en viennent-ils et elles à arbitrer leur choix du
supérieur ? Ce workshop vise à dresser dans un premier temps un état des lieux des connaissances
actualisées sur ce thème.
Les réformes de l’enseignement supérieur s’inscrivent aujourd’hui dans l’objectif d’une continuité à
construire entre le « bac – 3 » et le « bac +3 ». De fait, la loi Orientation et réussite des étudiants (2018) a
été votée parallèlement à la réforme du baccalauréat, à la réforme des lycées, dans la voie générale et
dans la voie professionnelle, ce qui n’est bien sûr pas sans impact sur les parcours des étudiant⸱es. Ainsi,
le workshop s’intéressera tout particulièrement aux recherches qui suivent les lycéen⸱nes jusque dans
leurs premiers pas dans l’enseignement supérieur.
Dans ce cadre, la chaire souhaiterait mettre aussi l’accent sur les plateformes et les dispositifs
institutionnels, et leur rôle dans l’accès à l’enseignement supérieur. Dans quelle mesure Parcoursup a-t-il
eu des effets sur les chances d’accéder effectivement aux études visées ? Sur les parcours étudiants après
l’accès à une formation (Bechichi et al., 2021, Bluntz, et Boulet, 2022) ? Quels sont les effets de Mon
master sur les parcours d’études ?
La chaire s’intéresse en particulier aux inégalités selon le genre, l’origine sociale et territoriale, mais les
autres formes d’inégalités pourront être mises en lumière.


2. Retour sur les dispositifs visant la réussite universitaire
Depuis les années 2000, les dispositifs visant à améliorer l’accès et la réussite dans les études
supérieures se sont multipliés (Barrère, 2013). Le plan “réussite en licence” (2007) a suscité la mise en
place ou le développement du travail en petits groupes, du tutorat, du mentorat, etc. Les réformes
successives de la licence ont conduit à développer partout des enseignements méthodologiques, audétriment des autres enseignements. Pour l’accès aux écoles supérieures, des dispositifs type “cordées de la réussite” se sont multipliés ; les écoles ont mis en place des formes de concours et de voies réservées pour favoriser l’accès de publics jusqu’ici absents de leurs effectifs. Plus récemment, la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) a mis en place des dispositifs de remédiation (les accompagnements devant être proposés aux étudiant⸱es admis sous condition, les “oui si”). Tandis que les premiers bilans de ces actions montraient leur faible effet (Annoot, 2012 ; Annoot et al., 2019 ; Morlaix et Perret, 2013) Quel est le bilan de ces dispositifs, qui se sont succédé ou ajoutés depuis plus de vingt ans ? Lesquels semblent susceptibles de réduire effectivement les inégalités ? De quelle manière ?
Parmi ces dispositifs visant la réussite universitaire, le workshop pourrait également étudier des
nouveaux diplômes ou parcours (comme PaRéO, « parcours pour réussir et s’orienter », par exemple), et
les mettre en perspective avec des initiatives plus anciennes, comme les diplômes d’accès aux études
universitaires (DAEU), ou encore les transformations des modalités de contrôle des connaissances
depuis les années 1990 (semestrialisation, capitalisation, compensation des notes, etc.


Notes :
1. Repères et références statistiques 2024, Ministère de l’éducation nationale, Direction de l’évaluation,
de la prospective et de la performance.


Références citées :
Annoot, E. (2012). La réussite à l’université : Du tutorat au plan licence. De Boeck.
Annoot, E., Bobineau, C., Daverne-Bailly, C., Dubois, E., Piot, T., & Vari, J. (2019). Politiques, pratiques et
dispositifs d’aide à la réussite pour les étudiants des premiers cycles à l’université : bilan et perspec-
tives. Paris : CNESCO
Barrère, A. (2013). La montée des dispositifs : Un nouvel âge de l’organisation scolaire. Carrefours de l’éducation, n° 36(2), 95-116. https://doi.org/10.3917/cdle.036.0095
Bechichi, N., Grenet, J., & Thébault, G. (2021). D’admission post-Bac à Parcoursup : quels effets sur la ré-
partition des néo-bacheliers dans les formations d’enseignement supérieur ? France Portait Social, IN-
SEE Références, novembre
Bluntz, C., & Boulet, P. (2022). L’obtention de son premier vœu sur APB est-elle un gage de réussite en première année de Licence ? Education et formations, 103, 104-119

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