Le mardi 21 octobre 2025, Esther GEURING, Docteure en Sciences de l’éducation et de la formation CREAD – Université Rennes 2, présentera un séminaire de l’IREDU intitulé « La thèse d’une volatilité des aspirations de poursuite d’études »
En voici un résumé : Si l’accès à l’enseignement supérieur a toujours constitué un instrument de l’action publique, il est décliné dans sa version la plus récente, en France, à travers la loi Orientation et réussite des étudiants par laquelle la procédure Parcoursup a été instaurée. Transformant les modalités d’accès à l’enseignement supérieur, cette réforme s’inscrit toutefois dans un double mouvement d’ouverture et de régulation de l’accès à l’enseignement supérieur. Parallèlement, l’engagement des différents acteurs impliqués dans le processus d’orientation des élèves est renforcé. Parcoursup renvoie alors à la conception institutionnelle de l’orientation selon laquelle la mise à disposition de l’information et l’accompagnement permettraient aux élèves de formuler des « choix libres, informés et éclairés » qui assureraient un parcours linéaire. Or, cette conception reposant sur une injonction au projet peut être nuancée par des inégalités sociales et scolaires qui traversent l’orientation vers mais aussi dans l’enseignement supérieur.
Dans ce contexte, cette thèse appréhende le processus de construction des aspirations de poursuite d’études vers et dans l’enseignement supérieur, en mobilisant la sociologie de l’expérience (Dubet, 1994) qui suggère que face à toute expérience – qui est aussi une épreuve – chaque acteur articule les trois logiques de l’action que sont l’intégration, la stratégie et la subjectivation. Rapportée aux aspirations, cette sociologie permet de saisir le rapport qu’entretiennent les jeunes à soi, au temps et au monde.
À partir d’une enquête par questionnaire (n=713) et d’un suivi longitudinal par entretiens (n=36, n=26 et n=18) menés auprès de néo-bacheliers initialement inscrits en première année de licence d’une université de province, il s’agit de saisir la place de l’expérience sociale de la procédure Parcoursup dans leur processus de construction des aspirations. Ce processus de construction – parfois de co-construction – des aspirations est appréhendé en remontant dans le temps passé, en amont même de l’expérience sociale de Parcoursup. Expérience au cours de laquelle les jeunes articulent les trois logiques de l’action afin de réifier leurs aspirations en vœux, puis de les rendre plus ou moins effectives à travers leur choix final. Or, quelle que soit l’issue de la procédure Parcoursup, elle ne détermine pas nécessairement la suite du parcours lorsque les aspirations sont confrontées à l’expérience étudiante.
A contrario de l’injonction au projet qu’implique le continuum « bac –3 / bac +3 », cette thèse montre une volatilité des aspirations de poursuite d’études dont la construction est en réalité dynamique au gré de l’expérience de Parcoursup et de l’expérience étudiante. Dans la continuité, cette volatilité conforte l’idée d’une université comme espace permettant d’allier visée utilitariste et visée émancipatrice des études, pour des jeunes venus construire leur avenir autant que se construire soi.